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Depuis le 30 juin 2021 et la compilation par les chercheurs de l’INSERM de plus de 5 000 études dans le monde, le doute n’est désormais plus permis et le lien entre l’exposition aux pesticides et le développement de certaines maladies sur l’homme est maintenant avéré.
Envisager l’avenir avec la mise en place d’alternatives viables et pérennes devient donc une nécessité absolue et un véritable enjeu majeur de santé publique. Pourtant, depuis les années 50, les pesticides de synthèse sont très utilisés en France, que ce soit en agriculture, dans les parcs et jardins, chez les particuliers ou même dans nos maisons. À l’heure où nous sommes dans l’obligation de constater les conséquences de nos activités humaines sur notre environnement, nous prenons peu à peu conscience de la nécessité de changer nos mauvaises habitudes.

Pour autant, avoir la volonté de jardiner au naturel est certes noble, mais dans les faits, cela ne doit en aucun cas consister à remplacer un pesticide par un autre car tous les deux sont, de toute façon, conçus pour détruire. Adopter des mesures de prévention pour anticiper les fléaux du potager apparaît, dès lors, comme le choix le plus judicieux puisqu’il est question, avant tout, d’agir en faveur du vivant.
Et pour obtenir un potager en pleine santé, où plantes, animaux et jardiniers se côtoient en bonne harmonie, nul besoin d’adjuvants de synthèse ou de quelconque chimie, le bon sens et le respect des équilibres naturels devrait être la ligne de conduite à suivre. Car s’il est bien une leçon à retenir de la nature, c’est que celle-ci ne fonctionne bien que dans son ensemble ; plus elle est riche et variée, plus elle est productive.

 

1.De quoi parlons-nous exactement ?

1.1 Glyphosate et pesticides

Derrière le terme pesticides se cache un ensemble de substances chimiques actives, visant à détruire une ou plusieurs espèces d’organismes  vivants, jugés indésirables. Les plus connus et répandus sont les herbicides (agissent contre les mauvaises herbes), les fongicides (agissent contre la prolifération des champignons) et les insecticides (agissent contre l’invasion des insectes). Également appelés “produits phytosanitaires”, l’utilisation dans le secteur agricole des pesticides vise à garantir des rendements corrects tout en permettant de limiter les risques éventuels de perte de récolte.

Alternative aux pesticides
Illustration : freepik.com

Présent dans différents herbicides, le glyphosate, actuellement interdit en France, très prisé des agriculteurs, car simple d’utilisation, efficace et peu onéreux, demeure très largement controversé puisque les dernières études à son sujet, le classent comme “cancérogène probable” pour l’homme. Ce produit reste toutefois un herbicide polyvalent et non sélectif utilisé dans le monde depuis plus de quarante ans. Et même si, la consommation de glyphosate a légèrement baissé entre 2016 et 2020, passant de 8 749 tonnes à 8 645 tonnes, la France serait particulièrement attachée au glyphosate puisqu’elle est le premier utilisateur européen. 19 % du glyphosate pulvérisé dans l’Union européenne est attribué à la France, devant la Pologne (14 %), l’Allemagne (10 %), ou encore l’Italie (8 %).

 

1.2 Un enjeu majeur de santé publique

Les répercussions sur notre santé et notre environnement et la contamination des milieux (eau, sol, air) par les pesticides est donc devenue une préoccupation majeure qui interpelle la population, soucieuse des conséquences sur son équilibre sanitaire.
Raisonner à court terme en agissant dans l’immédiateté, pour résoudre et éradiquer le problème d’une invasion de nuisibles au potager peut aussi malheureusement s’apparenter à un déni de la bonne santé des générations à venir.
Or la célèbre phrase de Saint-Exupéry devrait raisonner en nous et nous servir de guide permanent : « nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants ».

Alors, en finir avec les pesticides ? Tout le monde est pour, et pourtant on n’arrive même pas à en diminuer l’utilisation. Plutôt que d’entrer dans une lutte permanente contre les envahisseurs qui consisterait à éradiquer les nuisibles « coûte que coûte », et par conséquent le vivant, au détriment de notre santé, inspirons-nous de pratiques plus douces, biologiques et naturelles. Et du consensus général ayant pour objectif de sortir de cette logique d’utilisation des pesticides, faisons en sorte d’initier le changement par des mises en pratique,
certes pas révolutionnaires, mais faisant appel à notre bon sens .

 

 

2. Utiliser des méthodes de lutte intégrée

2.1 Une combinaison de différentes méthodes

La combinaison d’un ensemble d’alternatives de mesures de nature différentes représente une option intéressante si l’on change l’angle de vue et que l’on se place dans une démarche préventive. De ce fait, en adoptant ces mesures p, on agit en faveur du vivant. La mise en pratique doit se situer sur 4 axes principaux, lesquels restent des plus pragmatiques dans notre volonté de réduire les attaques de ravageurs et de
maladies :

– Augmenter la fertilité du sol : Pour se défendre d’attaques éventuelles, les plantes doivent trouver dans le sol tous les éléments dont elles ont besoin. Il est aussi indispensable que cette nourriture soit équilibrée par l’apport d’une fertilisation organique. Si la juste activité
biologique du sol passe par la fertilisation, le travail du sol en profondeur reste à bannir. Préférez l’usage d’outils à dents du type grelinette.
Il faut également laisser le sol à nu, le moins longtemps possible et pratiquer des couvertures végétales (paillage, BRF…)

Grelinette
Crédit photo : pixabay.com

– Éviter les excès d’azote : le fait de ne pas utiliser d’engrais chimiques n’élimine pas l’excès d’azote possible par le recours aux fertilisants organiques. Avec le compost, le risque d’excès d’azote est plus limité, car sa teneur est plus faible. En revanche, les fertilisants du commerce, comme les fientes de poules, demeurent riches en azote.

Composteur

– Augmenter la biodiversité : C’est un fait démontré depuis longtemps, la biodiversité au potager diminue le risque d’attaque par les ravageurs. Cela suppose une grande variété de légumes, mais aussi de fleurs, soit en association avec les légumes soit en massifs fleuris ou en
bandes. À noter que les insecticides à base de plantes, comme le neem ou le pyrèthre, ne sont pas sélectifs et tuent aussi les insectes auxiliaires, véritables alliés du jardinier.

– Associer les cultures : C’est un préalable presque indispensable, car de nombreuses associations permettent une réduction significative des attaques de ravageurs. Par exemple, le mariage entre la carotte et le poireau pour lutter contre la mouche peut se révéler parfois efficace. Pensez à alterner sur une même planche deux espèces de légumes. Le trèfle est efficace contre la mouche du chou ☘. Le basilic et la phacélie repoussent les pucerons des fèves.

Nous disposons donc de moyens naturels performants mettant en avant notre bon sens et notre esprit d’observation. Afin d’en finir avec les traitements chimiques dans notre potager, les procédés mécaniques demeurent également indispensables. Le désherbage thermique, l’arrachage manuel et le balayage peuvent aussi remplacer efficacement le désherbage chimique. Il peut par ailleurs être évité grâce à l’engazonnement, au fleurissement, à la plantation de plantes couvre-sol, ainsi qu’au paillage des espaces non piétinés et circulés.

 

2.2 La voie pertinente de la permaculture

En partant d’un des principes de la permaculture prônant que “le problème est la solution”, la priorité est donnée à l’aménagement de l’espace au jardin et à la préservation de la biodiversité. En effet, le problème des invasions d’indésirables ne fait que mettre en exergue la
présence d’un déséquilibre dans votre potager. Il appartient donc au jardinier, par son travail d’observation, d’en déterminer les raisons.
Le fait de travailler son potager par zones, va permettre l’optimisation de l’espace et un travail.

Cela s’inscrit dans la prévention puisque le paillage au sol par exemple, l’augmentation de la hauteur de tontes, la réalisation d’une fauche tardive ou encore le choix d’espèces locales, sauvages et adaptées à l’environnement sont autant de moyens de limiter le désherbage. Et par conséquent, l’utilisation de substance chimique.

Paillage permaculture
Crédit photo : pixabay.com

En choisissant cette conception d’agriculture et d’horticulture durable, bâtie sur l’observation appliquée des écosystèmes et des cycles naturels, le parti pris du jardinier est de travailler avec la nature plutôt que contre elle.

Dans cette optique, la protection du vivant demeure le fer de lance de la permaculture et s’inscrit à contre-courant des méthodes conventionnelles utilisées par l’usage des pesticides. La permaculture demeure une véritable éthique ou philosophie basée sur la prise en
compte de la nature, de l’Être humain et du partage équitable au sein de la société.

 

Les grands principes pour une alternative aux pesticides

En allant plus loin, en modifiant ainsi notre façon de vivre ensemble, notre approche de l’environnement et notre conception de l’aménagement du territoire, c’est tout le système politique de notre pays qui est remis en cause, lui qui recommande le productivisme, la rentabilité, la domination du marché, la surconsommation, etc 🌱…
C’est un modèle de vie qui mérite réflexion et qui s’oppose à nombre de nos modèles, qu’ils soient éducatifs, sociétaux et financiers, si tant est que l’on veuille prendre en compte la responsabilité de notre existence et assurer celles des générations futures.

Pour conclure, “LE” grand principe à garder à l’esprit pour éviter le recours aux pesticides dans nos jardins est de mettre nos plantes dans les meilleures conditions possibles, ce qui dépend largement des choix faits par le jardinier, lequel doit :

  • Laisser le moins possible de terrain nu
  • Pratiquer les associations de culture
  • Planter des haies
  • Accueillir la biodiversité et la favoriser
  • Mieux nourrir le sol pour améliorer sa fertilité par des apports organiques
  • Pailler pour entretenir
  • Supprimer les apports d’azote chimique
  • Diversifier les productions et les rotations
  • Choisir des variétés résistantes et adaptées à sa région
  • Réserver des zones naturelles
  • Mettre en place des bandes fleuries 🌸
  • Ne pas faire de l’éradication du vivant, une finalité